Jean Claude Blanc est né à Cap Haïtien en 1965. Issu d\'une famille ouvrière dont le père est jardinier et rhumier et dont la mère est marchande de légumes, son enfance préfigure celle qu\'il dépeindra à travers ses tableaux. La rhumerie où travaillait son père se trouvait à Milot, près du légendaire palais de Sans-Souci, du temps du roi Christophe. Très tôt mécanicien, il développera sa vocation d\'artiste à l\'atelier Arc en Ciel.
Ses toiles dépeignent le travail quotidien et les élans festifs de la classe ouvrière - les travailleurs agricoles sur les plantations, le rara et les Carnavals - la fête et ses musiciens et danseurs, ainsi que la vie effervescente des commerçants dans les marchés. Les protagonistes de ses tableaux portent souvent des vêtements blancs que l\'on voit aussi dans les cérémonies du vaudoun et chez Gérard Valcin. Peinture folklorique si l\'on veut, son esthétique rejoint la fierté de la vie quotidienne de la classe ouvrière que des artistes comme Castera Bazile, André Normal exprimaient à leur manière au début du siècle. Dans la collection de la Maison d\'Haïti, on retrouve toutes les caractéristiques de Jean Claude Blanc telles que la dignité et la détermination de la classe ouvrière rurale et agricole.
Gesner Abélard est né en 1922 à Port au Prince. Sa profession de départ est celle de mécanicien, puis il travaille par la suite comme détective privé avant de se tourner vers la peinture. Il intègre le Centre d'Art en 1946 aux côtés de notables tels que Ribaud Benoit et Préfète Duffaut. En 1949, il reçoit une médaille de bronze à l'Exposition internationale du bicentenaire de Port-au-Prince. Il a participé à des expositions au Stedelijk Museum d'Amsterdam, au Woodmere Museum de Philadelphie ainsi qu'en Équateur, entre autres. Le travail d'Abelard apparaît dans un livre couvrant les applications européennes et mondiales de ce qu'on appelle l'art "naïf" - Modern Primitives : Masters of Naive Painting d'Oto Bihalji-Merin.
Gesner Abelard s'en tient à la plupart des caractéristiques communes de ce que l'on appelle l'"art naïf" : des vues embellissantes de la vie naturelle, des couleurs sursaturées et des vues magico-réalistes de la vie des hommes, des plantes et des animaux dans cet environnement. Des représentations souvent édéniques et d'une beauté toute simple des écosystèmes, teintées d'une touche fantastique.
L’œuvre dans la collection de la Maison d'Haïti reprend des thèmes communs à son travail: les oiseaux, qui sont souvent les protagonistes d'une grande série de ses tableaux, les couleurs vives et sursaturées, et une vision irréelle de la nature, comme si nous regardions une image télévisuelle ou un diorama adapté presque au format d'une bande dessinée. On retrouve dans cette œuvre certains aspects de la technique de la "nature morte". Les légères marques bleues sur les lignes de branches ressemblant à des fougères constituent un élément surréaliste commun à la plupart de ses tableaux d’oiseaux
L'œuvre d'Inatace Alphonse s'intéresse à la "vie populaire" des travailleurs haïtiens, aux fêtes de village et plus globalement, aux sentiments de cohésion dans le milieu rural. Son travail se caractérise par des compositions chorégraphiées d'habitants au travail, en fête, voire de façon récurrente par rapport à la temporalité de la vie en milieu rural. Comme le mouvement indigeneismo, qui a mis en évidence une certaine fierté nationale, l'image qu'Alphonse donne de la vie est remplie de grâce, de sens de l'équilibre, de bien-être pour chacun et pour tout le monde grâce à un travail assidu, et de ténacité.
Dans l'œuvre de la collection de la Maison d'Haïti, on aperçoit des travailleurs de terrain - hommes munis de houes, quelques femmes tenant des paniers, tandis que d'autres femmes et un jeune garçon lavent le linge dans la rivière, ainsi qu'un homme au milieu de tout cela portant une couronne carnavalesque entouré de quelques musiciens. Des motifs assortis sur les chemises des femmes et des hommes respectivement, il existe une sorte de synchronicité dans le rapport des corps. L'œuvre représente un sens idéalisé de symbiose au sein de la communauté, toutefois pas si éloigné de la réalité.
Serge Jolimeau, figure vivante de la tradition de la sculpture métallique haïtienne, est né en 1952 à Noailles Croix des Bouquets. Son père étant charpentier, Jolimeau choisit un métier manuel similaire, à savoir le métier de ferronnier. C'est au Centre d'Art, en 1972, qu'il se forme aux côtés de son contemporain, Seresier Louis Juste, lui-même sculpteur de métal, né la même année que Jolimeau. Seresier Louis Juste avait suivi la formation du grand maître de ce métier d'art que l'on nomme " bosmétal “ - Georges Liautaud travaillant également à la Croix des Bouquets. Liautaud qui forgeait des croix de cimetière pour les morts. L’art bosmétal, la provenance du fer des barils de pétrole qui a été martelé, façonné et forgé, ainsi que dans le cas de l'école de pensée de Liautaud auquel Jolimeau a succédé et donné suite - le fer étant transformé en un champ lexical et un ensemble de créatures imaginaires et iconographiques. Une autre génération beaucoup plus tardive de sculpteurs remarquables dans notre collection émerge de la Croix des Bouquets - voir Jean Eddy Remy dans notre collection.
La contribution de Jolimeau a été fortement axée sur le social, dans le sens où il joue désormais un rôle clé dans la création de cette communauté de ferronniers d'art à Croix des Bouquets. Jolimeau a connu une carrière internationale florissante, ayant d'abord figuré dans certaines des publications fondatrices de l'art haïtien telles que "Where Art is Joy" (1988) de Selden Rodman, Masterpieces of Haitian Art (2013) de Candice Russell et un livre essentiel sur les métallurgistes, "Voodoo Blacksmith" (1990) de Fouber. Jolimeau a mené et continue de mener l'une des plus importantes carrières internationales de tous les artistes haïtiens du vingtième siècle. L'originalité du style de Jolimeau a donné naissance à un traitement inédit d'un groupe mythologique d'entités anthropomorphes et de leur monde en devenir. Nous assistons à une conception inédite du bestiaire dans l'œuvre de Jolimeau. En contraste avec ce que Candice Russell appelle "l'idiome brutal" et "l'ascendance spirituelle" plus archaïque de l'œuvre métallique fondatrice de George Liautaud, Russell dit que les figures métalliques de Jolimeau rappellent "les prototypes égyptiens" et un "érotisme ludique jamais vu auparavant dans l'art haïtien : des figures en partie masculines, en partie féminines, incorporant des poissons et des oiseaux qui semblent parfois se nourrir des organes sexuels de leurs hôtes” Voir les noms d’oeuvres qui décrivent bien le champs des motifs - Roi Lion, Femme Amphibique à l’oiseau, La Siréne à une natte, Le coq amphibique à l’oiseau, Le cheval des mers, Dambala/Bosou/Ange, Lion de mer, Figure ailée aux oiseaux, Femme Serpent, Ipocampe, La Baleine avec Poisson Lasiren (Sirène et la Bête, Capricorne, Croix Vaudou, Crucifix, Crucifixion, Femme légère, La Diablesse, Le Démon Ailé, Les Deux Sorcières, Les Trois Hermaphrodites,Le coq monte une loi, La femme tortue,Homme-chèvrE, Déesses, Sirène, Cerf ailé,Métamorphose, Soleil et oiseaux, Possession d’esprit, La Sirène, Papa Damballah et Aida Ouedo, Crucifixion Sirène, Homme et cheval, Femmet oiseau, Oiseau et cheval, Ange et oiseau, Figure masculine, Oiseau marin, Cheval et poisson, Sirène, Figure montée, Sirène, Mère ange et enfant
Levoy Exil, l'un des peintres les plus emblématiques de l'Haïti moderne, est né le 7 décembre 1944 à Soisson La Montagne. Selon certains témoignages, il serait né dans les montagnes au-dessus de Port-au-Prince, à Fermathe. Son profession de départ était d'être agriculteur. Après avoir rencontré l'artiste idée renom Jean Claude Garoute (TIGA) et l'artiste Maude Robart, il devient une des membres fondateurs du groupe artistique Saint- Soleil quitte situe elle meme à Soisson La Montagne. Exil a beaucoup exposé à l'échelle internationale en tant que grand témoin encore vivant du mouvement d'avant-garde du groupe artistique Saint Soleil. Il reste un artiste actif, tant au niveau local qu'international.
L'œuvre de Levoy Exil, souvent qualifiée de " mystique et abstraite ", peut être mieux appréhendée lorsque l'on se penche soigneusement sur la manière dont elle s'inscrit dans les systèmes cosmologiques haïtiens, autochtones et afro-descendants.Les descriptifs habituels de son travail comme étant "mystique et abstrait" mettent toutefois l'accent sur le fait qu'une grande partie de son œuvre illustre les loas haïtiens du vodou haïtien. Ses vies antérieures, ses ancêtres autochtones et l'histoire de l'Atlantide hantent et imprègnent son imaginaire selon Marie-José Nadal-Gardère et Gérald Bloncourt.
D'autres caractéristiques recurrent sont les étoiles, les oiseaux, les entités solaires (soleils, etc.), et les figures anthropomorphes qui reviennent souvent.D'autres caractéristiques communes sont les étoiles, les oiseaux, les entités solaires (soleils, etc.). Au-delà des descriptions courantes de son style "primitif et onirique", ce qui est intéressant est le style technique de base qui constitue les peintures faites de points et de minuscules formes geométriques qui, mises ensemble, constituent une image., que l'on appelle le pointillisme. En observant ce style pointilliste (et le style de nombre de ses contemporains du mouvement artistique Saint Soleil dont il était membre), on pourrait penser à la notion de pixels qui viendrait à constituer les médias numériques* Pour certains, la multiplicité des points serait un hommage à une divinité que l'on pourrait nommer "Saint Soleil”.»
Alors que les représentations européennes du pointillisme, une technique de points minuscules composant une image figurative, sont une nécessité utilitaire dans la constitution de l'image, bien qu'à la manière d'une forme de représentation plus opaque, le pointillisme de Levoy Exil ou plutôt la multiplicité de points et de minuscules formes géométriques répétées qui composent ses scènes et ses figures (ce qui est représenté dans ses œuvres) (pourrait être considéré comme un hommage à une divinité appelée "Saint Soleil" et donc dans son esprit) servant des objectifs dans la croyance spirituelle.
Dans la collection de la Maison d'Haïti, la première œuvre de Levoy Exil (#/nom) est peuplée de carrés en forme de pixels qui composent trois loas flottantes aux visages imposants. Comme la plupart des loas dans les tableaux d'Exil, elles flottent au sein de formes célestes et les loas se fondent les uns dans les autres dans une espèce de fusion organique. Diverses croix flottent parmi cette écosphère, ne rappelant pas simplement la forme géométrique des directions cardinales mais invoquant plutôt les configurations cosmologiques du vévé au sein du vaudou.Les têtes oranges démesurées sont placées sur des corps qui appartiennent eux-mêmes au champs cosmologique de l'œuvre. Leurs yeux fixent directement le spectateur, nous incitant à les fixer à notre tour.
Alberick Azor est né en 1946 à Cadet. Il appartient au mouvement Saint Soleil. Alberick s'inscrit dans la tradition des figures apparitionnelles qui sont davantage des représentations de manifestations de divinités locales telles que dans l'œuvre de cet école de création - Saint Soleil. Comme chacun de ses membres, il livre sa propre interprétation du monde des esprits d'une manière qui puisse se rapprocher à la fois de l'art ancien et des pratiques sacrées, ainsi que de propositions contemporaines et futuristes spéculatives de pratiques artistiques.
Chez Alberick, les figures proviennent de contours qui constituent le corps et que l'on remplit ensuite de couleurs vives et récurrentes - bleu, rouge et vert. Les silhouettes, solitaires ou groupées par deux ou trois, scrutent intensément le spectateur. Les corps et les têtes sont sommairement dessinés, semblant d'abord être des dessins d'enfants, mais lorsqu'on y regarde de plus près, on constate une combinaison complexe d'art intuitif et d'art qui émerge d'atmosphères rituelles. Tantôt, on voit des affinités avec l'art occidental contemporain. Actuellement, dans l'art contemporain, on pourrait trouver que les œuvres d’azur ont des affinités avec l'art brut de Dubuffet, Gaston Chaissac ou encore avec les gammes chromatiques d'un Pierre Tal Coat. En revanche, ses œuvres s'inscrivent dans la lignée de celles de ses collègues de Saint Soleil qui dépeignent de façon originale la vie des esprits lors des cérémonies et du vaudou, tout en trouvant une manière de rendre visible les êtres humains et non-humains primordiaux au delà des confins du territoire haïtien.
Dans la collection de la Maison d'Haïti, avec le travail d'Azor Alberick, nous avons, il y a la caractéristique d’apparition, un sentiment ludique. Dans un premier temps, paraissant être des dessins d'enfants, mais en y jetant un coup d'œil plus attentif, nous voyons une symétrie qui ressemble à celle d'un mandala, ainsi que des rapports ordonnés entre les deux figurants, les mettant côte à côte à travers une même ligne brune et verte, ainsi qu'une organisation complexe des lieux conduisant le spectateur à ne pas se cantonner aux éléments figuratifs, mais en plus à pénétrer dans des propositions géométriques qu’Azor met en avant. Amorphisme de carrés, de formes oblongues, de tête de cercle, le tout placé au premier plan sur un champ quelconque, l'ensemble du tableau évoquant des figures imposantes et pourtant si insouciantes au sein d'un répresentation d’une système de pensée cosmologique.
Claudy Boucicaut s'inscrit dans le courant d'une peinture aux décors édéniques et au réalisme magique tel que le pratiquent Henri-Robert Brésil, André Naval, Roland Blain pour ne citer que quelques exemples de ce style populaire, souvent qualifié d'art naïf. Le Douanier Rousseau et Gauguin comme précedents. Certains, comme Roland Blain, y ajoutent une texture brumeuse et onirique, André Naval ou Audes Saül une qualité caricaturale, Claudy Boucicaut et Robert Bresil, à la limite de la caricature, mais surtout une présentation d'un décor naturel à travers une réalité quasi augmentée, presque caricaturale, des réalismes et des réalités alternatives de représentations et de vues.
Le tableau de taille murale dans la collection de la Maison d'Haïti est une ode aux différents quadrants des peintures hyperréalistes dites de nature naïve dans ce courant. Sa réalité est augmentée et les minuscules détails dans et parmi la flore et la faune luxuriantes parlent des minuscules rapports d'un écosystème entre animaux et animaux, plantes et plantes, animaux et plantes. Les minuscules créatures volantes, qui font toutes partie d'un écosystème plus vaste, participent de manière tout aussi démocratique que les partenaires plus importants de cet écosystème. Nous sommes exposés à la minutie dans un moment télévisuel analogique rendu plus calme, plus microscopique, mais aussi tantôt non réel, mais rendu non loin des capacités numériques actuelles.
Marie Louise Fouchard est née en Haïti en 1961. Artiste plasticienne, conceptrice et décoratrice, elle a été formée en arts visuels à l'Université du Québec à Montréal. Depuis 1984 elle produit chaque année plus d'une exposition de tableaux, en plus d'oeuvrer dans les décors de théâtre et de cinema, de la décoration d'intérieure et dans l'enseignement de l'art. Elle vit en Haïti où elle jouit d'une notoriété qui dépasse les frontières.
La pratique de Fouchard a progressivement évolué vers l'exploration de la représentation hyperréaliste. Au début des années 1990, son intérêt était plutôt de ne pas nécessairement représenter la réalité telle qu'elle est vue dans une approche en clair-obscur, et son expérimentation avec des colorations qui distordent légèrement le sujet peint. Au milieu des années 2000, elle intègre une approche qui semble avoir une transparence au dessus qui donne aux œuvres un aspect fantomatique en ajoutant un effet de torsion à ses tableaux. Ainsi, les visages se démarquent, mais il paraît y avoir de moins en moins besoin de définir les traits. Sa manière de rendre un visage se fait avec une représentativité moins explicite, proposant plus de pistes d'interprétation quant aux émotions et contextes des caractères peintes. Ainsi, afin d'aborder les œuvres de 2018, nous voyons Fouchard développer un langage énigmatique des visages devenant de véritables apparitions spectrales. Nous détectons également des présences non-humaines chez une cohorte de quasi-humains - anthropomorphes, osseux. Des portraits raffinés avec de légères empreintes de ressemblance à un hybride oiseau-homme par exemple. Leurs têtes fines et longues évoquent des penseurs existentiels à l'allure post-humaine, tandis qu'ils méditent sur des questions qui échappent aux préoccupations humaines. La pièce de notre collection présente également cette même distorsion du visage dans ce qui pourrait être un simple portrait représentant directement son sujet. Avec cette œuvre, Fouchard remet en question notre façon de voir
Keithy Antoine travaille à travers l’art, la radio, la télévision et le web en tant qu’entrepreneure, artiste visuelle et animatrice engagée socialement. Depuis 2015, elle est la fondatrice et co-propriétaire d’Espace Urbain Montréal, la plus grande boutique afro-urbaine-canadienne avec une mission sociétale essentielle. Et aussi Dg de l’Obnl Union Urbaine qui coordonne la tenue du Festival Afro Urbain. Elle est membre active du Collectif Wecan, d’artistes afro descendants. En 2022, elle co-anime la nouvelle série web Pa T’Mentir, sur ICI Tou.tv de Radio-Canada. (Pris de sa site.)
Comme pour toutes les œuvres de Keithy Antoine, les œuvres de la collection répondent à des caractéristiques communes. Utilisant la technique de la découpe graphique parallèlement au collage classique, Antoine utilise ses surfaces comme un moyen d'énoncer le social et le politique, mais souvent comme des hommages d'affrmation positive. Hommages à Nelson Mandela, à sa foi et à l'avenir du continent et des Afro descendants. Dans une autre œuvre de la collection, on voit Keithy elle-même fièrement coiffée d'un afro, ce qui rappelle le pouvoir du style esthétique comme prise de position politique dans les années 70 et son retour actuel comme moyen de reconnaissance de la communauté noire. Keithy rend hommage au continent dans son travail grâce au mot "solide" imprimé en graphique sur la mère patrie, l'Afrique. Le mot "solide" est l'un de ces mots d'affirmation diaphanes qui se sont répandus parmi les Afro-descendants à travers les mouvements de nos ancêtres depuis la terre mère vers le lieu où nous avons atterri. "Solid as a Rock" a été dit dans la chanson classique du même nom par Ashford et Simpson. Le travail d'Antoine dans la collection suit une même forme et une même orientation dans son contenu.